Passeuse?

Publié le par La p'tite Nénette

Enseigner, transmettre, faire passer...

Mots au sens approximativement semblable, mais pas tout à fait quand même.

Depuis l'enfance j'aime faire passer les savoir-faire. A chaque fois que j'ai appris à faire quelque chose je me suis dépêchée de trouver quelqu'un à qui l'enseigner, le transmettre, le faire passer.

Lorsque j'étais professeur de danse, je n'étais pas une danseuse exceptionnelle, pas très grande, pas très mince, pas très souple, limitée en technique de par ces atouts moyens.
Lorsque j'ai passé mon diplôme, j'ai eu tout juste la moyenne à l'examen technique obligatoire, mais me suis sentie comme un poisson dans l'eau à l'examen pédagoqique.
Et j'ai aimé enseigner, pendant ces 7 années précédent la naissance de mon premier enfant.

Mais je me suis toujours sentie limitée par la croyance que pour avoir le droit d'enseigner il fallait être "supérieur" à l'autre (merci l'école!) , et j'ai toujours donné bien peu de valeur à mon travail, pensant que je ne pouvais transmettre le peu que je savais faire qu'à des personnes partant de Zéro ou de bien peu.
Dès que j'étais avec d'autres personnes ayant au moins autant de savoir faire que moi, je me sentais si petite, si peu de choses...

Et puis j'ai arrêté d'enseigner la danse, et j'ai eu 3 beaux enfants.

La transmission a malgré tout refait son entrée dans ma vie avec le portage en écharpe, auquel je suis venue grâce à mes enfants.Et j'ai recommencé, petit à petit, à trasmettre un savoir-faire, une technique avec sa théorie.
Mais étrangement je ressortais souvent bien fatiguée de ces ateliers, vidée.Bien qu'y prennant beaucoup de plaisir, ça ne me nourrissait pas.L'énergie ne circulait pas...

Et puis il y a quelques jours, j'ai eu une nouvelle fois l'occasion de parler du portage des bébés.
Dans un contexte assez difficile.Grand salon sous hangar.Bruit, chaleur, sol goudronné...

Avec ma Tit'loute de 8 mois.

Delestée de mes chaussures, quelques écharpes colorées étalées au sol, et je me suis lancée.
J 'ai parlé de moi, de mes enfants, de mon histoire avec le portage, expériences , anecdotes.
Tout naturellement la théorie importante a trouvé à se placer par ci par là, au besoin, et je me sentais très vivante, à pied d'égalité avec tous ces gens, plus ou moins intéressés, certains justes curieux, d'autres déjà expérimentés.
Deux heures de partage et d'échanges chaleureux avec tous ces gens là, et un réel plaisir à ce qui se passait.
L'énergie circulait.
Je me suis sentie dans mes rails, sur mon chemin.
J'ai fait passer des choses, je ne saurai jamais quoi exactement, mais j'ai été remerciée,discrètement par certains, chaleureusement par d'autres qui se sont attardés.
Simplicité, humanité, chaleur.
Fatiguée mais pas vidée; fatiguée comme après un bon stage de danse :-) mais nourrie!

J'ai fait passer, je ne sais pas quoi exactement, un peu de moi, un peu de théorie, un peu de technique, et les gens ont pris ce qu'ils voulaient, ce dont ils avaient besoin, mais pas mon énergie.
Car je n'étais pas là-bas avec une réserve d'énergie à dépenser, mais ouverte, simplement ouverte à l'énergie, qui circulait, passait en moi.

J'étais dans mes rails, sur mon chemin, simple passeuse, et c'était bon.




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